jeudi 5 novembre 2009

Breathless : Les coups et les insultes [Festival Franco-Coréen]

JOUR 1 : 4 novembre


L’acteur sud-coréen Yang Ik-joon (Arahan, 2004) met en scène pour son premier long métrage une comédie dramatique : Breathless / Ddongpari (2008). Il y narre violence physique et verbale dans le quotidien d’une petite frappe, inadapté à la société.

Sang-hoon est un collecteur grossier et sans état d’âme qui pour récupérer l’argent des dettes n’hésite pas à faire parler ses poings. Alors qu’il quitte son neveu d’une demi-sœur qu’il évite, il fait la rencontre explosive d’une lycéenne, Yeon-hee. Elle devient vite la seule personne avec laquelle il parvient à communiquer…

Une chose est sûre avec Breathless, c’est que l’on ne s’ennuie pas. Paradoxalement, le film de Yang Ik-joon se laisse voir malgré le fait que son auteur utilise une violence des plus gratuites. Une violence gratuite (physique et verbale) qui devient gênante, si ce n’est ennuyeuse à mesure que le film avance, là est tout le paradoxe puisqu’un certain attachement à l’histoire et à ses personnages survit à cela. L’auteur s’arrête sur un anti-héro qui ne se nourrit, n’existe et ne s’exprime qu’à travers la violence. Un malaise l’habite, un malaise qu’il n’est pas loin de nous communiquer dans cette survie suicidaire, sans borne et sans limite. Un autiste dans un monde où personne ne le comprend jusqu’à cette rencontre, celle de l’écolière Yeon-hee tout autant désabusée par le quotidien que lui. Les deux se comprennent, même vie, même répartie, même gouache. On communique en se frappant, s’insultant, en se moquant… Un respect mutuel et une compréhension de l’autre jamais connue jusqu’alors dans leur vie respective.

Ainsi, Breathless interpelle, on ne sait si on aime le film ou non. Un sentiment mitigé persiste même après son visionnage. Ce n’est pas tant que la violence mette mal à l’aise (quoique, ici j’y mets une réserve, selon la sensibilité de tout à chacun cela va de soit) mais la question de connaître son but et comprendre le pourquoi d’une utilisation si extrême. D’une part, le film est réussi. Il a des qualités indéniables : son scénario, sa mise en scène mais aussi la prestation de ses acteurs. D’autre part, ce sont les moyens utilisés pour y parvenir qui me gênent. Si Breathless raconte l’histoire d’un homme antisocial rempli de rage, de haine et de culpabilité d’un traumatisme passé, doit-on pour autant excuser tant de violence, son emploi abusif qui la rend routinier à nos yeux ? Tout ceci étant sans doute rechercher par l’auteur… Certes la violence est brute et sèche, pas d’esthétisation et c’est tant mieux mais sa banalisation m’exaspère. La violence pour choquer ? La violence pour interpeller ? Le but de cette entreprise est des plus indécis. Pour ma part, je ne vois qu’une violence gratuite pour se faire remarquer. Elle n’était pas forcément nécessaire pour expliquer ce qui tiraille tant le protagoniste qui nous intéresse ici.

En définitive, Breathless fait partie de ces films qui divise tant par le sujet traité que la mise en forme donnée. Une dualité persiste en moi. Je l’aime tout autant que je le déteste. J’avais beaucoup d’appréhension avant de le voir notamment avec la réputation qu’il avait acquise dans nombre de festival où il était présenté. On ne peut pas dire que je sois déçu comme emballé. Breathless se vit à fleur de peau et un deuxième visionnage lui donnera (sans doute) toute sa grandeur ou sa déchéance cinématographique.

Rédigé par I. D


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