vendredi 6 novembre 2009

FFCF 2009 #1: Breathless – de Yang Ik-June (2008)

JOUR 1 : 4 novembre


Film d’ouverture du FFCF 2009, “Breathless” est un film que j’avais déjà vu au festival de Deauville en avril dernier (voir mon avis de l’époque). Il m’avait laissé une impression très mitigée : si j’avais été séduit par la première partie, la seconde et notamment les 30 dernières minutes m’avaient horripilé. Je suis donc retourné le voir avec la ferme intention de comprendre son succès festivalier (le film a remporté le grand prix à Deauville mais aussi dans d’autres festivals). Assez étonnamment, cette seconde vision m’a fait voir le film sous un angle tout à fait différent, je l’ai même beaucoup apprécié !

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Sang-Hoon, un recouvreur de dettes, met en rage tout son entourage. Rien ne lui fait peur mise à part une vieille blessure familiale. Un jour, il rencontre une lycéenne, Yeon-Hee. Il commence à s’intéresser à elle pour son fort caractère mais, apprenant que son père vient d’être libéré après 15 ans de prison, la colère s’empare de lui… (source)

Dès les premières minutes, j’ai été surpris par la richesse du film : montage de grande qualité, coupes bien senties, utilisation intelligente du cadre (la première rencontre entre Sang-Hoon et Yeon-Hee est un coup de foudre original tonitruant), Yang Ik-June cultive l’inattendu. Filmant très près de ses personnages, il n’a cesse de nous surprendre et nous prendre à rebrousse-poil. J’avais d’ailleurs également oublié à quel l’humour était omniprésent tout au long du film (j’ai encore du mal à me remettre de la trogne d’abruti fini du collègue lycéen de Sang-Hoon).

Le traitement de la violence m’était apparu assez caricatural au premier abord, il se révèle finalement bien construit. Le film débute sur un homme en train de tabasser une femme. Sang-Hoon surgit, et frappe violemment l’homme. Une fois celui-ci neutralisé, il crache et gifle la femme. “Pourquoi est-ce que tu supportes ça, connasse ?” La violence est son seul moyen d’expression. Initialement présentée sous un angle comique et absurde (Sang-Hoon est un vrai bourrin, frappe tout le monde, jure à tout va…), elle va peu à peu apparaitre de plus en plus froide et crue. Après avoir été entrevue à travers une vitre floue, la violence éclate à l’écran, plein champ, brutale et excessive jusqu’à provoquer un malaise chez le spectateur, jusqu’à nous faire ressentir le dégoût que Sang-Hoon s’inspire à lui-même. C’en est presque étouffant, et ça explique peut-être pourquoi j’étais passé à côté d’une partie du film la première fois.

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L’interprétation est assez exceptionnelle, le duo d’acteurs principaux se révèle bouleversant, en particulier lors de cette scène, véritable tournant du film, où Sang-Hoon exhorte avec une violence incroyable un médecin de sauver son père. Peu après, il retrouve Yeon-Hee et chacun, excédé par ses propres problèmes, montre son vrai visage à l’autre et pleure à chaudes larmes. C’est après cette scène, tellement belle que j’aurais aimé qu’elle close le film, que l’histoire avait commencé à m’agacer la première fois, alors que j’ai été beaucoup moins gêné cette fois-ci.

Car dès lors, le scénario a tendance à devenir sérieusement caricatural voire tire-larmes alors que le film conservait une certaine pudeur jusque là. C’est dommage car le film sait par moments très bien toucher sans trop appuyer, mais mêler (sans trop en dévoiler) repentance du héros, histoires familiales, flashbacks ultra-dramatiques et spectacle d’école du neveu de Sang-Hoon (fut-il déguisé en leprechaun !), c’est too much. Malgré tout, cela se révèle anecdotique au vu du reste du film et le dernier plan sublime s’attardant sur le regard de Kim Kot-Bi m’a presque fait pardonner au film tous ses défauts.

rédigé par Pierre Ricadat

texte d'origine : http://dooliblog.com/2009/11/05/ffcf-2009-1-breathless-de-yang-ik-june-2008/


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